http://pilla.cowblog.fr/images/brida.jpgPaulo Coelho, Brida


Dans le même esprit que les autres livres de Coelho que j'ai pu lire, je m'interroge encore sur l'entreprise de vulgarisation qui semble être celle de l'auteur... tout comme je peux m'interroger sur la vulgarisation elle-même quant à ces sujets...

Mettre à la portée du plus grand nombre des choses alors réservées à une élite, quel intérêt ? Comprenne qui pourra, comme on dit, puisque l'élite n'est plus donnée mais à recouvrer, et pour les autres, le désordre et la confusion doivent aller croissants... L'imprimerie, Internet et la large diffusion qu'ils permettent... la démocratie... Subvertir un système avec ses propres armes ne consacre-t-il pas plus le système qu'il ne permet d'en sortir ? Encore une fois, comprenne qui pourra... et je me perds, à mon niveau, dans la multiplicité même des niveaux intelligibles de notre époque. A la vérité, je me fous de la politique :) La démocratie est là, de toutes les façons. Et pour le comprendre, pas besoin de lire plus loin que Platon. Bref... Attendons.

Brida. Un bon divertissement pour les masses. Une tentative d'en sortir pour peu qu'on comprenne différemment son symbolique - symbolique plus réel que toutes les tables et autres chaises accessoires. Non, je n'ai rien contre le mobilier non plus :)

le Don... état supra-individuel de l'individu, non pas pour lui, mais pour le monde. le Don... la marque, la trace, le visage, partiellement manifesté et, en un certain sens, incarné, de Dieu.

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11 : [s]on Maître. « Peu importe, dit-il, qu’il existe des moyens plus rapides ou plus faciles ; la Tradition ne peut jamais être modifiée. »

C’est pour cette raison que les quelques rituels décrits dans Brida sont ceux qui ont été pratiqués pendant des siècles par la Tradition de la Lune.

12 : Selon un texte anonyme de la Tradition, chacun, dans son existence, peut avoir deux attitudes : Construire ou Planter.

13 : Les jardiniers se reconnaîtront entre eux, parce qu’ils savent que dans l’histoire de chaque plante se trouve la croissance de toute la Terre.

22 : J’ai déjà enseigné tout ce que je devais enseigner, j’ai rendu à l’humanité ce qu’elle m’avait donné.

24 : Ces gens travaillaient honnêtement, ils craignaient Dieu, et ils s’efforçaient d’aider leur prochain. Ils faisaient tout cela parce qu’ils connaissaient l’amour. Leurs vies avaient une explication, ils étaient capables de comprendre tout ce qui se passait dans l’Univers, sans jamais avoir entendu parler de la Tradition du Soleil ou de la Tradition de la Lune.

25 : Depuis le commencement des temps, c’était à travers l’amour que tout le monde cherchait à comprendre l’Univers.

26 : Il existe deux façons, poursuivit le Magicien. La Tradition du Soleil, qui enseigne les secrets à travers l’espace et tout ce qui nous entoure. Et la Tradition de la Lune, qui enseigne les secrets à travers le Temps et tout ce qui est prisonnier dans la mémoire du temps.

27 : _ Quand quelqu’un trouve son chemin, il ne peut pas avoir peur. Il doit avoir assez de courage pour faire des faux pas. Les déceptions, les défaites, le découragement sont des outils que Dieu utilise pour montrer la route.
_ Etranges outils, dit Brida. Ils font souvent renoncer les gens.

« Tu n’as pas besoin de fermer les yeux. Regarde le monde autour de toi, et perçois tout ce que tu peux percevoir. En chaque instant, devant chaque personne, la Tradition du Soleil montre la sagesse éternelle. »

28 : « Cette leçon est la première et la plus importante, déclara-t-il. Elle a été inventée par un mystique espagnol, qui avait compris la signification de la foi. Il s’appelait Jean de la Croix. »

33 : Elle sentit une présence protectrice. « Je dois croire en cette présence. Je ne sais pas l’expliquer, mais elle existe. Et elle va rester ici avec moi toute la nuit, parce que je ne sais pas sortir seule d’ici. »

La foi était exactement ce qu’elle éprouvait maintenant, une plongée sans explication dans une nuit obscure comme celle-là. Elle existait seulement parce que l’on croyait en elle. De même que les miracles n’avaient aucune explication, mais se produisaient pour celui qui croyait aux miracles.

41 : Il était déjà l’heure de fermer. Le libraire constatait que le public de sa boutique commençait à changer. Il était de plus en plus jeune – comme disaient les vieux traités qui remplissaient ses rayons, les choses retournaient finalement vers leur point de départ.

45 : Nous sommes éternels, parce que nous sommes des manifestations de Dieu, reprit Wicca. C’est pourquoi nous passons par de nombreuses vies et de nombreuses morts, partant d’un point que personne ne connaît, et nous dirigeant vers un autre point inconnu également.

46 : Si au commencement il y avait si peu d’êtres humains sur la Terre, et si aujourd’hui ils sont si nombreux, d’où sont venues ces nouvelles âmes ?

Dans certaines réincarnations nous nous divisons.

Nous faisons partie de ce que les alchimistes appellent Anima Mundi, l’Alma Mundi, l’Âme du Monde.

46 – 47 : En vérité, si l’Anima Mundi ne faisait que se diviser, elle croîtrait, mais elle s’affaiblirait aussi de plus en plus. Alors, de même que nous nous divisons, nous nous retrouvons. Et ces retrouvailles se nomment Amour. Car lorsqu’une âme se divise, elle se divise toujours en une partie masculine et une partie féminine.

47 : Dans chaque vie, nous avons la mystérieuse obligation de retrouver, au moins, une de ces Autres Parties. Le Grand Amour qui les a séparées, se réjouit de l’Amour qui les réunit.

Il était possible de reconnaître son Autre Partie à l’étincelle dans ses yeux – c’était ainsi, depuis le commencement des temps, que les gens reconnaissaient leur véritable amour.

48 – 49 : Mais, surtout, nous avons la responsabilité de rejoindre de nouveau, au moins une fois dans chaque incarnation, l’Autre Partie qui assurément viendra croiser notre chemin. Même si ce n’est que pour quelques instants ; car ces instants apportent un Amour si intense qu’il donne une justification au reste de nos jours.

52 : Elle avait appris que ce jeu de cartes était un livre – un livre dans lequel la Sagesse divine a annoté les principaux changements de l’homme au cours de son voyage dans la vie. Mais son auteur, sachant que l’humanité se souvenait plus facilement du vice que de la vertu, a fait en sorte que le livre sacré fût transmis à travers les générations sous forme de jeu. Les cartes étaient une invention des dieux.

Le Prince charmant… la Belle au bois dormant. « Les contes de fées parlent toujours de l’Autre Partie », se disait-elle en riant.

60 : Elle se trouvait sur un chemin où les contacts importants étaient rares et difficiles.

64 – 65 : Pendant des millions d’années, l’homme a toujours parlé avec quelqu’un qu’il pouvait voir. Soudain, en un siècle à peine, le « voir » et le « parler » ont été séparés. Nous pensons que nous sommes habitués à ce phénomène, et nous ne percevons pas l’immense impact qu’il a eu sur nos réflexes. Notre corps n’est tout simplement pas encore habitué.

Ainsi, lorsque nous parlons au téléphone, nous parvenons à un état très proche de certaines transes magiques. Notre esprit entre dans une autre fréquence, devient plus réceptif au monde invisible. Je connais des sorcières qui ont toujours un papier et un crayon près du téléphone ; elles griffonnent des choses apparemment dépourvues de sens pendant qu’elles parlent avec quelqu’un. Quand elles raccrochent, ce qu’elles ont griffonné, ce sont généralement des symboles de la Tradition de la Lune.

65 : C’est le grand problème de celui qui désire étudier la magie, répondit Wicca. Quand nous nous engageons dans le chemin, nous avons toujours une idée plus ou moins définie de ce que nous voulons trouver. Les femmes en général recherchent l’Autre Partie, les hommes le Pouvoir. NI les uns ni les autres ne désirent apprendre : ils veulent arriver au but qu’ils se sont fixé.

71 : Quelques rares créatures qui descendent des anges ont certes besoin de la solitude pour rencontrer Dieu. Mais les autres humains ne peuvent atteindre l’union avec Dieu que si à un certain moment, à un certain instant de leur vie, ils ont réussi à communier avec leur Autre Partie.

72 : Dans la Nuit des Temps, quand nous avons été séparés, une des parties a été chargée de conserver la connaissance : l’homme. Il a alors compris l’agriculture, la nature et les mouvements des astres dans le ciel. La connaissance a toujours été le pouvoir qui a maintenu l’Univers à sa place, et fait que les étoiles continuent de tourner sur leurs orbites. Ce fut la gloire de l’homme : conserver la connaissance. Et cela a permis à la race entière de survivre.
A nous, les femmes, fut confiée une capacité plus subtile, beaucoup plus fragile, mais sans laquelle toute la connaissance n’a aucun sens : la transformation. Les hommes rendaient le sol fertile, nous semions, et ce sol donnait des arbres et des plantes.
Le sol a besoin de la semence, et la semence a besoin du sol. L’un n’a de sens qu’avec l’autre. Il en va de même pour les êtres humains. Quand la connaissance masculine s’unit à la transformation féminine, naît la grande union magique, qui a pour nom Sagesse.

85 : C’est ainsi qu’est maintenue la Tradition, dirent les Voix. Quand les gens sont capables de mourir pour une idée.

90 : Toute femme, dans sa vie, peut se servir des Quatre Anneaux de la Révélation.

91 : Tu sais de quoi nous parlons, dirent-elles. La Vierge, la Sainte, la Martyre, la Sorcière.

C’est le prix que paie la Vierge : n’avoir besoin de personne, se consumer dans son amour pour tous et à travers la Solitude découvrir la sagesse du monde.

La Martyre possède le pouvoir de ceux à qui la douleur et la souffrance ne peuvent causer de mal. Elle se donne, elle souffre, et à travers le Sacrifice découvre la sagesse du monde.

92 : A travers le Don de soi, la Sainte découvre la Sagesse du monde.

[pour la Sorcière] on découvrait la Sagesse du Monde à travers le Plaisir.

94 : Dieu est la parole. Attention ! Attention à ce que tu dis, dans toutes les situations ou les instants de ta vie.

97 : Ne cherche pas à expliquer les émotions. Vis tout intensément, et retiens ce que tu as ressenti comme un don de Dieu.

98 : Nous connaissons des expériences extraordinaires et moins de deux heures plus tard nous tentons de nous convaincre qu’elles sont le produit de notre imagination.

100 : Tu t’es peu divisée dans tes incarnations successives. Tu appartiens à la même sorte de gens que mes amis et moi. Nous sommes les personnes chargées de maintenir la Tradition de la Lune. Tu es une sorcière.

106 : Ce ne sont pas les explications qui nous font avancer ; c’est notre volonté d’aller plus loin.

109 : Même une horloge arrêtée réussit à être à l’heure deux fois par jour.

118 – 119 : La Force du Bien se répand toujours, comme la Lumière. Quand tu émets une vibration du Bien, tu soulages toute l’humanité. Mais quand tu concentres les forces du Messager, tu ne fais du bien – ou du mal – qu’à toi-même.

122 : Un point, dit-il. Un point brillant sur l’épaule gauche de l’Autre Partie. C’est ainsi dans la Tradition de la Lune.

127 : Selon elle, les femmes apprenaient ces matières plus rapidement que les hommes, parce que chaque mois avait lieu dans leur corps le cycle complet de la Nature : naissance, vie et mort. « Le Cycle de la Lune », dit-elle.

128 : Diverses prophéties annonçaient le retour des Ténèbres à la fin du millénaire.

Même si personne n’écoutait, même si presque tous avaient oublié le langage des symboles, les Anciens ne cessaient jamais de parler.
« Ce sont des êtres comme nous ? demanda Brida, un jour.
_ Nous sommes eux.

131 : Les vrais instruments qu’utilisaient les Anciens s’étaient complètement perdus.

132 : Il lui était interdit de retourner dans le passé. Selon Wicca, c’était rarement nécessaire.
« N’utilise pas non plus les cartes pour voir l’avenir. Les cartes ne servent que pour le progrès silencieux, celui qui pénètre sans être perçu. »

Brida commença à découvrir que beaucoup d’herbes possédaient réellement une grande ressemblance avec les organes humains.

133 : Dieu a mis dans la forêt sa pharmacie.

134 – 135 : Elle lui conseilla de relire la Bible (« dans laquelle se trouve toute la vraie sagesse occulte ») et de chercher les Dons dans la première Epitre de saint Paul aux Corinthiens. Brida chercha et découvrit les neuf Dons : le message de sagesse, le message de la connaissance, la foi, la guérison, le pouvoir de faire des miracles, la prophétie, le discernement des esprits, le don de parler en langues, et celui de les interpréter.

136 : Toute quête est un acte de foi.

138 : Wicca lui avait dit que lorsqu’on dansait sur la musique du monde, l’âme s’habituait mieux au corps, et les tensions diminuaient.

140 : saint Patrick chassa les serpents d’Irlande, et les cultes druidiques disparurent.

141 : dans la dixième lune de l’année, nous devons nous rassembler autour du bûcher, qui fut la vie et la mort de nos sœurs persécutées.

155 : Voici la formule : utilise sans cesse tes cinq sens. S’ils arrivent ensemble au moment de l’orgasme, tu seras admise pour l’Initiation.

160 : Elle se rappela qu’il existait de nombreuses manières de travailler la Force. Les moines qui avaient vécu là la travaillaient par l’abstinence, et ils auraient compris ce qu’elle voulait dire.

166 : Le véritable Amour permettait à chacun de suivre son propre chemin, sachant que cela n’éloignait jamais l’autre.

166 – 167 : Dans le sexe, seul l’amour et les cinq sens doivent fonctionner. Ainsi seulement tu connaîtras la communion avec Dieu.

167 : Respire sept fois tranquillement, fais en sorte que tes cinq sens fonctionnent avant le contact physique. Laisse faire le temps.

« Je t’ai montré la vue d’en haut. Nous pouvons redescendre. »

172 : C’était un homme mystérieux, un grand connaisseur de la Tradition de la Lune, qui avait fait partie de sociétés secrètes et laissé dans ses livres le message occulte de ceux qui cherchent le chemin spirituel. Il s’appelait W. B. Yeats.

180 : proverbe allemand : le diable se cache dans les détails.

182 : Joue ton rôle et ne t’inquiète pas pour les autres. Sois certaine que Dieu leur parle aussi, et qu’ils sont intéressés autant que toi par la découverte du sens de cette vie.

186 : Nous nous enfonçons dans la nuit obscure avec foi, nous accomplissons ce que les anciens alchimistes appelaient la Légende Personnelle.

187 : Le poète anglais William Blake avait écrit deux siècles auparavant : « Toute question qui se conçoit a une réponse. »

188 : Quelqu’un savait, même si elle ne saurait jamais. Elle n’avait plus besoin de comprendre la signification de la vie ; il suffisait de rencontrer le Quelqu’un qui savait.

197 : Ils connaissaient tous les deux les Traditions ; il savait qu’il n’était pas son homme, elle savait qu’elle n’était pas sa femme. Ils se donnèrent tout de même l’un à l’autre, laissant à la vie la responsabilité de les séparer le moment venu. Loin de modérer leur abandon, cela eut pour effet de leur faire vivre chaque instant comme si c’était le dernier, et leur amour acquit l’intensité des choses qui deviennent éternelles parce que l’on sait qu’elles vont mourir.

208 : Quand le son du pélican sacré et celui du phénix furent invoqués, le cercle entier s’emplit de lumière.

211 : Ils étaient nus, enlacés. Et ils ne sentaient ni le froid ni la honte.

220 : Je me suis sentie nécessaire, et c’est l’une des meilleures sensations qu’un être humain puisse éprouver.

Léon Tolstoï : « C’est ton village qui te donne le pouvoir universel. »

223 : Lorsqu’on trouve une chose importante dans la vie, cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à toutes les autres.

227 : L’amour était au-dessus de tout, et l’amour n’avait pas de haines, seulement des équivoques. Peut-être, à une certaine époque, les hommes avaient-ils décidé d’être les représentants de Dieu – et ils avaient commis des erreurs.
Mais Dieu n’avait rien à voir avec cela.

228 : Ce jour-là, ils étudiaient l’épisode de la Passion dans lequel Jésus adresse une prière à Dieu, suant du sang, et demandant qu’on éloigne le calice auquel il doit boire.
« Mais s’il savait déjà qu’il était le fils de Dieu, pourquoi a-t-il demandé cela ? avait-elle demandé au prêtre.
_ Parce qu’il ne savait qu’avec le cœur. S’il avait eu une certitude absolue, sa mission n’aurait eu aucun sens, parce qu’il ne se serait pas transformé complètement en homme. Être homme, c’est avoir des doutes, et pourtant poursuivre son chemin. »