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Frank Herbert, Dune *

 

Comme il est appréciable de redécouvrir, plusieurs années après, un livre qui a marqué, sinon notre enfance, du moins notre adolescence. Comme il est passionnant de comprendre ce que nous n'avions pas compris alors ! Sauf que...

On ne relit pas un livre, on lit, simplement, un livre. 

Que nos yeux aient déjà balayés ses pages, c'est pourtant à chaque fois un nouveau monde qui s'ouvre, un monde qu'éclaire une intelligence toujours partielle.
On comprend ce que nous n'avions pas compris la première fois et, inversement, il est nécessaire que des choses alors évidentes ne nous apparaissent plus. On découvre. On recouvre... Bien plutôt, on se laisse porter... Arrakis... Dune... planète des sables...

(note à moi-même : "On" est un con ^^)

*

9 : « C’est à l’heure du commencement qu’il faut tout particulièrement veiller à ce que les équilibres soient précis. », extrait du Manuel de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

12 : L’animal détruit sans produire…
 
Tout est non permanent, tout lutte pour le flux de permanence… 

17 : Il se souvint de la Litanie contre la Peur du rituel Bene Gesserit, telles que sa mère les lui avait enseignées.

Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.

18 : Souffrance ! Le monde devint vide. Il n’y eut plus que sa main, seule, noyée dans la souffrance, et ce visage ancien, à quelques centimètres.

19 : Cette douleur ! Un humain est capable de dominer chacun des nerfs de son corps !

20 : Le but devait en être terrible pour justifier une telle souffrance, une telle peur. Et il savait qu’il était terrible, qu’il défiait toute probabilité et n’existait que pour lui-même. Il savait que, d’ores et déjà, il en était prisonnier. Mais il ignorait tout de la nature de ce terrible but.

23 : La drogue est dangereuse, mais elle donne un pouvoir véritable.

30 : Ecoutez mon neveu. Il aspire à régir la baronnie et il ne peut même pas se régir lui-même.

32 : Ecoute attentivement, Feyd, intervint le Baron. Et remarque tous les plans qui sont à l’intérieur des plans.

34 : On fait grand cas du Conditionnement Impérial. On assure qu’on ne peut l’effacer sans tuer le sujet.

41 : Je lis dans l’avenir ce que j’ai lu dans le passé.

43 : Les humains sont presque toujours seuls.

46 : Qui se soumet domine.

47 : Au revoir, jeune humain. J’espère que tu réussiras. Mais, quoi qu’il advienne… nous réussirons quand même.

52 : Grave cela dans ta mémoire, mon garçon : Il y a quatre choses pour supporter un monde. (Elle avait levé quatre doigts noueux). La connaissance du sage, la justice du grand, les prières du pieux et le courage du brave. Mais tout cela n’est rien sans… (Elle avait refermé tous ses doigts en un poing.)… sans celui qui gouverne et connaît l’art de gouverner. Que ceci soit ta science !

54 : Elle m’a demandé de lui dire ce que signifiait : gouverner. Je lui ai répondu que cela signifiait le commandement d’un seul. Elle m’a dit alors qu’il fallait que je désapprenne certaines choses.

Elle m’a dit à ce moment que le mystère de la vie n’était pas un problème à résoudre mais une réalité à vivre. Je lui ai cité alors la Première Loi du Mentat : On ne peut comprendre un processus en l’interrompant. La compréhension doit rejoindre le cheminement du processus et cheminer avec lui. Elle a paru satisfaite alors.

67 : Les Fremens ont un adage : Le vernis vient des cités, la sagesse du désert.

68 : Puis il l’observa tout en songeant : Je sauve ma propre conscience. Je lui offre le secours de la religion avant de le trahir. Ainsi pourrai-je me dire qu’il est allé où moi je ne puis aller.

73 : Ne laisse jamais les craintes d’une femme obscurcir ton esprit. Sache qu’il n’est pas de femme qui accepte de risquer l’existence de ceux qu’elle aime. La main de ta mère était derrière ces avertissements. Considère-les simplement comme une preuve de l’amour qu’elle nous porte.

La vérité, songea le Duc, pourrait bien être pire que tout ce qu’il imagine. Mais les dangers n’acquièrent une valeur que lorsqu’on a appris à les affronter. Et pour ce qui est des dangers, rien n’aura été épargné à mon fils. Pourtant, il faut encore attendre. Il est jeune…

74 : Paul ! (Le Duc fronçait les sourcils.) Le fait de savoir que le piège existe équivaut au premier pas pour lui échapper. C’est comme un combat singulier, mon fils, mais sur une vaste échelle.

76 : « Comment s’assurer la loyauté de tels hommes ? »

« Il existe des moyens qui ont fait leurs preuves : jouer sur une certaine conscience de la supériorité, sur la mystique des serments secrets, sur la souffrance partagée en commun. Tous ces moyens réussissent. Cela a été prouvé bien des fois, sur bien des mondes. »

89 : Qu’a donc dit saint Augustin ? Que lorsque l’esprit commande au corps il est obéi, mais que lorsqu’il commande à lui-même il rencontre de la résistance ? Oui… Depuis quelque temps, je rencontre plus de résistance. Je devrais me retirer tranquillement en moi-même.

90 : Tu parles de légende et tu cherches des réponses. Prends garde à celles que tu pourrais trouver.

Il est des choses pires que la mort, sais-tu. Même pour un peuple tout entier.

92 : Mapes abaissa le couteau. « Ma Dame, lorsque l’on a vécu pendant si longtemps avec la prophétie, l’instant de la révélation crée un choc. »

109 : « A l’intention des autres, nous pouvons dire ici que Muad’Dib apprit aussi rapidement parce que le premier enseignement qu’il eût reçu était de savoir apprendre. Et la leçon première de cet enseignement était la certitude qu’il pouvait apprendre. Il est troublant de découvrir combien de gens pensent qu’ils ne peuvent apprendre et combien plus encore croient que là chose difficile. Muad’Dib savait que chaque expérience porte en elle sa leçon. », extrait de L’humanité de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

115 : « Qu’avait Dame Jessica pour la soutenir à l’instant de son procès ? Réfléchissez sur ce proverbe Bene Gesserit et peut-être verrez-vous : « Chaque route que l’on suit exactement jusqu’au bout ne conduit exactement à rien. Escaladez la montagne pour voir si c’est bien une montagne. Quand vous serez au sommet de la montagne, vous ne pourrez plus voir la montagne. », extrait de Muad’Dib, commentaires de famille, par la Princesse Irulan.

119 : Permettez que cette pièce vous ramène en mémoire une leçon que nous tenons des mêmes maîtres : La proximité d’un objet désiré incline à trop d’indulgence. Là réside le danger.

135 : « L’inscription était une supplique adressée à ceux qui quittaient Arrakis mais, pour l’enfant qui venait d’échapper de peu à la mort, le sens en était plus sombre encore. L’inscription disait : « Ô toi qui sais ce que nous endurons ici, ne nous oublie pas dans tes prières. » », extrait du Manuel de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

142 : Je comprends cette amertume, dit le Duc. Mais ne nous en prenons pas à la justice quand nous avons nos bras et toute liberté de nous en servir.

163 : Les Harkonnens m’ont tourmenté, m’ont pourchassé, m’ont traqué pour la dernière fois. Des êtres de fiente aux âmes mesquines ! Mais je suis là, maintenant ! Et je dois gouverner avec l’œil autant qu’avec mes serres, comme un faucon règne sur des oiseaux plus faibles.

A l’est, un faisceau de lumière grise monta dans la nuit, puis ce fut une opalescence nacrée et les étoiles en furent estompées. Alors vint le long, le lent sillage de l’aube sur l’horizon brisé.
La scène était d’une telle beauté que toute l’attention du Duc fut capturée en cet instant.
Certaines choses, pensa-t-il, mendient notre amour.
Jamais il n’avait imaginé qu’il pût y avoir quelque chose d’aussi beau que cet horizon rouge, tourmenté, ces falaises d’ocre et de pourpre. Par-delà le terrain de débarquement, là où la rosée de la nuit avait apporté la vie aux graines hâtives d’Arrakis, il découvrait maintenant des lagunes de fleurs rouges sur lesquelles se posait une trame de violet… pas de géants invisibles.

165 : « « Il n’est probablement pas de révélation plus terrible que l’instant où vous découvrez que votre père est un homme… fait de chair. » », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

166 : Leto se retourna et regarda son fils. « Les Harkonnens pensent m’abuser en me faisant perdre ma confiance à l’égard de ta mère. Ils ignorent que je perdrais encore plus facilement confiance envers moi-même. »

168 – 169 : « Pour garder Arrakis, reprit le Duc, il faut prendre des décisions qui peuvent vous coûter le respect de vous-même. (Il tendit la main vers les fenêtres, désignant la bannière noire et verte des Atréides qui pendait, inerte, à l’autre extrémité du terrain.) Il se peut qu’un jour cet honorable emblème représente bien des choses mauvaises. »

175 : Impulsivement, Paul cita la Bible Catholique Orange : « Tout cadeau est la bénédiction de celui qui donne. »

187 : Rien recouvre un territoire immense.

197 : Dans le silence qui suivit [le passage du ver], ils entendirent Kynes qui murmurait : « Béni soit le Créateur et Son eau. Bénis soient Sa venue et Son départ. Son passage lave le monde. Qu’Il garde le monde pour Son peuple. »

199 : Sans se retourner, Kynes répondit : « Lorsque Dieu ordonne à une de Ses créatures de mourir en un endroit précis, Il fait en sorte que la volonté de Sa créature la conduise en cet endroit. »

201 : « La grandeur est une expérience passagère. Jamais elle n’est stable. Elle dépend en partie de l’imagination humaine qui crée les mythes. La personne qui connaît la grandeur doit percevoir le mythe qui l’entoure. Elle doit se montrer puissamment ironique. Ainsi, elle se garde de croire en sa propre prétention. En étant ironique, elle peut se mouvoir librement en elle-même. Sans cette qualité, même une grandeur occasionnelle peut détruire un homme. », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

207 : Kynes avait dit : « … le court chemin. » Dans la langue ancienne, cela se traduisait par « Kwisatz Haderach ».

211 – 212 : « Comptez-vous, soldats – soldats depuis longtemps comptés ! déclama le Duc. Votre fardeau est fait de dollars et de souffrance. Nos colliers d’argent brillent sur vos âmes. Comptez-vous, soldats – soldats depuis longtemps comptés. A chacun son dû de temps, sans illusion. Et passe le mirage de la fortune, avec nous, lorsque s’achève notre temps sur un dernier rictus. Comptez-vous soldats – soldats depuis longtemps comptés. »

225 : « Oh oui. Oui. Bien sûr, dit-elle. Il y a trop de violence. Cela me rend malade. Et la plupart du temps il n’y a aucune offense. Pourtant, des gens meurent. Cela n’a pas de sens. »

229 : « « Il n’y a pas d’issue – nous payons la violence de nos ancêtres. » », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

239 : Parlons de vous, maintenant, Thufir, dit-elle. Les humains vivent mieux lorsque chacun d’eux est à sa place, lorsque chacun d’eux sait où il se situe dans le schéma des choses. Détruisez cette place, vous détruisez la personne. Vous et moi, Thufir, de tous ceux qui aiment le Duc, nous sommes les plus susceptibles de nous détruire mutuellement.

240 : Vous pouvez appliquer votre logique à tout ce qui est hors de vous, poursuivit-elle, mais c’est une caractéristique humaine que, lorsque nous affrontons des problèmes personnels, ce sont justement ces choses profondément intimes qui résistent le plus à l’examen de la logique. Nous avons alors tendance à nous empêtrer, à nous en prendre à tout sauf à la chose bien réelle et profondément enracinée qui est notre véritable but.

Ils deviennent comme les hommes des légendes d’avant la Guilde. Comme les hommes du chercheur d’étoiles disparu, Ampoliros. Ils sont malades à force de serrer leurs armes, à force de chercher, toujours. Toujours préparés et jamais prêts.

247 : « Lutter avec des rêves / Ou contenir des ombres ? / Et marcher dans l’ombre d’un sommeil ? / Le temps s’est écoulé / Et la vie fut volée / Tu remues des vétilles. / Victime de ta folie », chant pour Janis sur la Plaine Funèbre, extrait des Chants de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

251 : Yueh mit un genou en terre. « J’ai conclu un Pacte de Shaitan avec le Baron. »

253 : « Il devrait exister une science de la contrariété. Les gens ont besoin d’épreuves difficiles et d’oppression pour développer leurs muscles psychiques. », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

267 : « Arrakis enseigne l’attitude du couteau : couper ce qui est incomplet et dire : « Maintenant c’est complet, car cela s’achève ici. », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

270 : Même en tirant profit de moi, ils me méprisent.

272 – 273 : Le Baron reporta son attention sur le capitaine des gardes, Umman Kudu. Des mâchoires nettes, les muscles faciaux tendus, le menton comme la pointe d’une botte. Un homme dont les vices étaient bien connus et en qui l’on pouvait avoir confiance.

281 – 282 : Une pensée demeurait en lui. Leto la vit s’inscrire sur des raies de noirceur, lumière informe : Le jour modèle la chair, et la chair modèle le jour. La pensée le frappa avec une intensité que jamais, il le savait, il ne pourrait expliquer. Silence.

296 : Pourquoi ne puis-je pleurer ? songeait-il. Chaque fibre de son être s’y efforçait mais il savait que cela lui serait à jamais refusé.

Une constellation du ciel arrakeen : « Muad’Dib : la Souris. » Elle remarqua que la queue était dirigée vers le nord.

297 : Pourquoi ? Pourquoi ? Cette incapacité de trouver du chagrin lui semblait une tare redoutable.

297 – 298 : « Un temps pour avoir, un temps pour perdre », pensa Jessica. Une phrase de la Bible Catholique Orange. « Un temps pour garder, un temps pour rejeter ; un temps pour aimer, un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, un temps pour la paix. »

301 : « Vous et l’épice, reprit-il. L’épice transforme quiconque en absorbe autant mais, grâce à vous, cette transformation a touché ma conscience. Je peux la voir. Elle n’est pas reléguée dans mon subconscient, là où je pourrais l’ignorer. »
« Paul, tu… »
« Je la vois ! »

305 : Les Fremens ont une maxime qu’ils attribuent à Shai-hulud, le Vieux Père Eternité, et qui dit : « Sois prêt à apprécier ce que tu rencontres. »

306 : Oui… Ils m’appelleront… Muad’Dib, « Celui Qui Monter Le Chemin ». Oui… ils m’appelleront ainsi.

314 : Ce monde m’a vidée de tout hormis du plus ancien des buts : la vie de demain.

317 : « Mon père me dit une fois que le respect de la vérité est presque le fondement de toute morale. « Rien ne saurait sortir de rien », disait-il. Et cela apparaît certes comme une pensée profonde si l’on conçoit à quel point « la vérité » peut être instable. », extrait de Conversations avec Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

321 : « Est-ce possible ? »
« C’est un long chemin. »
« Les Fremen n’aiment pas dire non », lui avait appris Idaho.

327 : Ceci est le gage de l’eau. Nous connaissons le rite. La chair d’un homme lui appartient. Son eau revient à la tribu.

329 : On ne doit jamais penser que l’on est le seul gibier d’une chasse.

333 : « Il nous dit : « La vision du temps est vaste mais lorsque vous le traversez, le temps devient une porte étroite. » », extrait de L’éveil d’Arrakis, par la Princesse Irulan.

346 : « Si vous vous fiez à votre seul regard, vos autres sens s’effacent. » C’était un axiome fremen.