Pilla

The Velike

Mercredi 4 janvier 2012 à 21:07

http://pilla.cowblog.fr/images/sagessedesert.jpgThomas Merton, La sagesse du désert, aphorismes des Pères du désert

Livre court lu pendant ma semaine à Marrakech, acheté là-bas aussi, un peu par hasard, dans un Virgin... Un livre court donc, un petit bijou synthétique (!) ; à dévorer sans modération <3

L'anonymat y est appréciable. Et ces Pères du désert, tels les grains de sable qu'emporte le vent, vont et viennent dans la société de Dieu, bien loin de la société civile qui, déjà à leur époque, IVe siècle après J.C., commençait à se fourvoyer. Enfin ce n'était rien comparé à aujourd'hui ! Un aphorisme est d'ailleurs tout à fait parlant sur ce point, comme il n'est aussi nul besoin de s'adonner à quelque divination pour se rendre compte de la marche du monde.

Divination... divinisation... enthousiasme... tout ça... tout ça...
*

NOTE DE L’AUTEUR

Ce choix d’apophtegmes est tiré des Verba Seniorum.
L’auteur est moine.

Puissent ceux qui ont besoin de ces apophtegmes et qui les aiment être encouragés, par leur goût d’eau limpide, à suivre le ruisseau jusqu’à sa source.

 

INTRODUCTION

11 : Au IVe siècle après J.C., les premiers ermites chrétiens.
Leurs raisons, nombreuses et variées, peuvent toutes se résumer en quelques mots : « la quête du salut ».

12 : Le fait que l’Empereur était maintenant chrétien et que le « monde » interprétait la Croix comme un signe de pouvoir temporel ne fit que les affermir dans leur résolution.
En d’autres termes, pour eux, la seule société chrétienne était spirituelle et supraterrestre ; c’était le Corps mystique du Christ.

12 – 13 : Les Pères du désert, en réalité, « affrontèrent les problèmes de leur temps » en ce sens qu’ils firent partie du petit nombre d’hommes qui furent en avance sur lui et ouvrirent la voie au développement d’une société nouvelle. Ils représentent ce que les philosophes sociaux modernes (Jaspers, Mumford), appellent l’apparition de l’ « homme axial », précurseur des personnalistes modernes. Les XVIIIe et XIXe siècles, avec leur individualisme pragmatique, ont dégradé et corrompu l’héritage psychologique de l’homme axial qui venait des Pères du désert et des autres contemplatifs ; ils ont préparé le terrain pour le vaste retour à la mentalité de masse qui nous domine aujourd’hui.

14 : Les Pères du désert refusaient de se laisser mener par les hommes, mais ne désiraient nullement les diriger eux-mêmes.
Ce que les Pères cherchaient avant tout, c’était leur vraie nature, dans le Christ. Et, pour le faire, ils devaient rejeter complètement le moi faux et conventionnel que les obligations sociales du « monde » avaient forgé.
Ils cherchaient un Dieu qu’ils pouvaient seuls trouver, et non un Dieu « donné » sous une forme stéréotypée, fixée par quelqu’un d’autre.
> Que cela parte de Soi.

16 : Ils ne pouvaient s’identifier en aucune manière à leur être superficiel, transitoire, créé par eux de toutes pièces ; ils devaient se perdre dans la réalité intérieure et cachée d’un moi transcendant, mystérieux, à peine connu, fondu dans le Christ. Ils devaient mourir aux valeurs de l’existence éphémère comme le Christ était mort à elles sur la Croix et ressusciter des morts avec Lui à la lumière d’une sagesse entièrement nouvelle.

17 : Une vie de solitude et de labeur, de pauvreté et de jeûne, de charité et de prière, qui effaçait le vieux moi superficiel et laissait apparaître peu à peu l’être vrai et secret dans lequel le croyant et le Christ ne formaient plus « qu’un seul Esprit ».
Enfin, le but immédiat de tous ces efforts était la « pureté de cœur » - une vision claire et livre de la véritable condition humaine, une connaissance intuitive de notre réalité intérieure telle qu’elle est ancrée, ou plutôt perdue, en Dieu par le Christ.

17 – 18 : Le « repos » (> equ non-agir) que cherchaient ces hommes était simplement l’équilibre et la modération d’un être qui n’est plus obligé de se regarder, parce qu’il est porté par la parfaite liberté qu’il trouve dans ce repos. Porté où ? Partout où l’Amour, c’est-à-dire l’Esprit divin, juge bon d’aller. Le repos était donc une sorte de vide (> cf Lie-tseu) et d’absence de volonté propre qui ne se préoccupaient plus d’un moi faux ou limité. En paix dans la possession du sublime « Rien » l’esprit restait attaché secrètement au « Tout », sans essayer de savoir au juste ce qu’il possédait.

18 : A bien des égards, par conséquent, ces Pères du désert ressemblaient aux Yogis indiens et aux moines bouddhistes Zen de la Chine et du Japon.
De tels êtres sont tragiquement rares.

18 – 19 : Peut-être pourrions-nous en trouver parmi les Indiens Pueblos ou Navajos, mais il s’agirait de cas différents : qui présenteraient une simplicité, une sagesse innée, mais aussi l’enracinement dans une société primitive. Les Pères du désert ont rompu nettement avec une société conventionnelle acceptée, pour lancer leur vie dans un vide absurde en apparence.

19 : Les paroles et les exemples des Pères du désert font tellement partie de la tradition monastique

20 : Les Pères du désert furent des pionniers, sans autre exemple que celui des prophètes come saint Jean-Baptiste, Elie, Elisée et les Apôtres (> cités par Mehdi) qui leur servirent également de modèles. Pour le reste, la vie qu’ils embrassaient était « angélique », et ils ont suivi les sentiers inexplorés des esprits invisibles.
Ces Pères distillèrent, pour eux, une sagesse très simple et pratique, qui est à la fois primitive et éternelle et qui nous permet de retrouver les sources qui ont été polluées ou complètement obstruées par l’accumulation des déchets mentaux et spirituels de notre barbarie technologique.

21 : Quel bien retirerons-nous du simple fait que ces choses ont été dites ? Ce qui est important, c’est qu’elles ont été vécues, qu’elles jaillissent de l’expérience es niveaux les plus profonds de l’existence, qu’elles représentent la découverte de l’homme, au terme d’un voyage intérieur et spirituel qui est beaucoup plus crucial et infiniment plus important que n’importe quel voyage dans la lune.

22 : Ces pensées des Pères du désert sont tirées d’une collection classique, les Verba Seniorum, qui se trouvent dans le volume 73 de la Patrologie latine de Migne.
Tandis que les Verba sont des récits clairs, sans prétentions, qui se transmettaient oralement, selon la tradition copte, avant qu’ils ne fussent rédigés en syriaque, en grec et en latin.

24 : S’ils parlent peu de Dieu, c’est parce qu’ils n’ignorent pas que lorsqu’on s’est approché tant soit peu de Sa demeure, le silence est plus intelligent que de nombreuses paroles.

26 : Le Père était généralement un Abbé (abbas) ou un Ancien (senex).
Avec eux, ou dans leur voisinage, vivaient des « frères » et des « novices », qui apprenaient à mener cette vie. Les novices avaient encore besoin de la direction continuelle d’un Ancien et vivaient avec lui pour être formés par sa parole et son exemple. Les frères vivaient seuls, bien qu’ils se rendissent parfois chez un Ancien pour recevoir quelques conseils.

28 : La charité et l’hospitalité avaient une importance primordiale, et passaient avant le jeûne et les pratiques ascétiques personnelles.
Ce fait est d’autant plus important que l’essence même du message chrétien est la charité et l’unité dans le Christ. Les mystiques chrétiens de tous les temps n’ont pas seulement cherché et trouvé l’unification de leur être, l’union à Dieu, mais l’union avec les autres dans l’Esprit de Dieu.

28 – 29 : Demeurer ainsi prisonnier de notre égoïsme c’est, en fait, être en enfer : vérité que Sartre, tout en faisant profession d’athéisme, a exprimée de la manière la plus saisissante dans Huis clos.

30 : L’homme exige (> cf Levinas et l’exigence éthique) une transformation intérieure complète, sans laquelle il nous est impossible de nous identifier à nos frères.

30 – 31 : Nous lisons que l’Abbé Serapion vendit son dernier livre, un exemplaire des Evangiles, pour donner l’argent ainsi gagné aux pauvres, vendant ainsi « les paroles mêmes qui lui ordonnaient de se séparer de tout pour les pauvres. »
> Cf effacer le nom de Dieu pour réconcilier les hommes dans le judaïsme.

32 : Ce que nous nommerions aujourd’hui prière contemplative s’appelait alors quies ou repos.

33 : Les moines étaient fort occupés, et si le quies était le but qu’ils  cherchaient tous à atteindre, le repos du corps (corporalis quies) était l’un de leurs plus grands ennemis.
> Pousse à l’action, non-agir.
Bien que les Verba soient parfois imputés à un Ancien (senex) anonyme, les apophtegmes sont, plus souvent, attribués nominalement au saint qui les a prononcés.
Antoine fut, véritablement, le Premier de tous les Pères du désert.

34 : Certes, Antoine atteignit l’apatheia après de longues luttes, quelquefois spectaculaires, contre les démons. Mais il en conclut finalement que le démon lui-même n’était pas totalement mauvais, car Dieu ne pouvant créer le mal, toutes ses œuvres sont bonnes.
> Un sans un second.

35 : Ces moines tenaient absolument à demeurer humains et « ordinaires ». Ceci, qui peut sembler paradoxal, est très important. Si nous réfléchissons un peu, nous comprendrons que se retirer dans le désert pour être extraordinaire, c’est emporter le monde avec soi comme mesure de comparaison.
> Redescente pour le monde.
Il n’existe pas d’autre raison valable de chercher la solitude ou de quitter le monde, car c’est, en réalité, l’aider à se sauver, en faisant son propre salut. C’est la raison finale, et elle est importante.

36 : Ils savaient qu’ils étaient impuissants à faire du bien aux autres tant qu’ils restaient à se débattre au milieu des épaves. Mais s’ils mettaient pied sur la terre ferme, tout changeait. Là, ils n’avaient pas seulement la possibilité, mais l’obligation de sauver le monde.
> Equ D.M. ou O.M. et l’intention première en accomplissant la retraite.
Nous devons nous libérer à notre manière, d’un monde qui court au désastre. Mais notre monde est différent du leur. Nous y sommes davantage mêlés. Le danger que nous courons est plus terrible. Nous avons peut-être moins de temps que nous ne le pensons.

37 : trouver notre moi véritable, de découvrir et de développer notre liberté intérieure inaliénable pour l’employer à édifier, sur terre, le royaume de Dieu.
Qu’il me suffise de dire que nous avons besoin d’apprendre, de ces hommes du IVe siècle, à ignorer les préjugés, à braver les contraintes et à partir, sans peur, vers l’inconnu.
> Equ Abraham.

 

QUELQUES APOPHTEGMES DES PERES DU DESERT

41 : II
L’abbé Joseph de Thèbes disait : il y a trois sortes d’hommes qui trouvent grâce aux yeux de Dieu. D’abord ceux qui, lorsqu’ils sont malades et tentés, acceptent tout en remerciant Dieu. Puis ceux qui accomplissent leurs tâches avec pureté sous le regard du Seigneur sans chercher à plaire aux hommes. Enfin ceux qui obéissent à un père spirituel et renoncent à leur volonté propre.

42 : III
Un frère demande à l’un des Anciens : « Que puis-je faire de bien pour avoir la vie éternelle ? » Il répondit : « Dieu seul sait ce qui est bien. » Cependant, j’ai entendu dire que quelqu’un ayant posé cette question au Père Abbé Nisteros le Grand, ami de saint Antoine, il répondit : « Toutes les bonnes œuvres ne sont pas semblables. Car l’Ecriture raconte qu’Abraham pratiquait l’hospitalité et que Dieu était avec lui ; qu’Elie aimait à prier seul, et que Dieu était avec lui ; que David était humble, et que Dieu était avec lui. Par conséquent, tout ce que votre âme désire accomplir, selon la volonté de Dieu, faites-le, et elle sera sauvée. »

44 : VII
Un frère demanda à l’un des Anciens : « Comment la crainte de Dieu pénètre-t-elle dans l’homme ? » Et l’Ancien répondit : « S’il est humble, pauvre et ne juge pas son prochain, la crainte de Dieu sera en lui. »
> Plus loin Levinas.

47 : XI
L’Abbé Antoine disait : de même que les poissons meurent s’ils sont sur la terre sèche, de même les moines, s’ils quittent leurs cellules ou habitent avec les hommes, perdent la volonté de persévérer dans la prière solitaire. Par conséquent, comme les poissons doivent retourner à la mer, nous devons rentrer dans nos cellules, de peur qu’en demeurant à l’extérieur nous n’oubliions de nous surveiller intérieurement.

53 – 54 : XXVI
Un Ancien disait : nous n’avançons pas dans la vertu parce que nous ne connaissons pas nos limites, et que nous n’avons pas la patience de continuer ce que nous avons commencé. Nous voudrions devenir vertueux sans la moindre peine.

54 : XXVII
Un Ancien disait : de même qu’un arbre ne peut porter de fruit s’il est souvent transplanté, un moine ne peut porter de fruit s’il change souvent de demeure.
> Rester dans une tradition.

55 : XXX 
Un autre frère se mit à interroger le même Ancien, l’Abbé Théodore, et à lui demander des choses qu’il n’avait jamais encore mises en pratique. L’Ancien lui répondit : « Vous n’avez pas encore trouvé de navire, vos bagages ne sont encore pas à bord, vous n’avez pas commencé la traversée : pouvez-vous parler comme si vous étiez déjà arrivé à la ville où vous projetez d’aller ? Quand vous aurez mis en pratique ce dont vous parlez, vous le ferez en connaissance de cause ! »

Mardi 3 janvier 2012 à 17:54

http://pilla.cowblog.fr/images/brida.jpgPaulo Coelho, Brida


Dans le même esprit que les autres livres de Coelho que j'ai pu lire, je m'interroge encore sur l'entreprise de vulgarisation qui semble être celle de l'auteur... tout comme je peux m'interroger sur la vulgarisation elle-même quant à ces sujets...

Mettre à la portée du plus grand nombre des choses alors réservées à une élite, quel intérêt ? Comprenne qui pourra, comme on dit, puisque l'élite n'est plus donnée mais à recouvrer, et pour les autres, le désordre et la confusion doivent aller croissants... L'imprimerie, Internet et la large diffusion qu'ils permettent... la démocratie... Subvertir un système avec ses propres armes ne consacre-t-il pas plus le système qu'il ne permet d'en sortir ? Encore une fois, comprenne qui pourra... et je me perds, à mon niveau, dans la multiplicité même des niveaux intelligibles de notre époque. A la vérité, je me fous de la politique :) La démocratie est là, de toutes les façons. Et pour le comprendre, pas besoin de lire plus loin que Platon. Bref... Attendons.

Brida. Un bon divertissement pour les masses. Une tentative d'en sortir pour peu qu'on comprenne différemment son symbolique - symbolique plus réel que toutes les tables et autres chaises accessoires. Non, je n'ai rien contre le mobilier non plus :)

le Don... état supra-individuel de l'individu, non pas pour lui, mais pour le monde. le Don... la marque, la trace, le visage, partiellement manifesté et, en un certain sens, incarné, de Dieu.

*

11 : [s]on Maître. « Peu importe, dit-il, qu’il existe des moyens plus rapides ou plus faciles ; la Tradition ne peut jamais être modifiée. »

C’est pour cette raison que les quelques rituels décrits dans Brida sont ceux qui ont été pratiqués pendant des siècles par la Tradition de la Lune.

12 : Selon un texte anonyme de la Tradition, chacun, dans son existence, peut avoir deux attitudes : Construire ou Planter.

13 : Les jardiniers se reconnaîtront entre eux, parce qu’ils savent que dans l’histoire de chaque plante se trouve la croissance de toute la Terre.

22 : J’ai déjà enseigné tout ce que je devais enseigner, j’ai rendu à l’humanité ce qu’elle m’avait donné.

24 : Ces gens travaillaient honnêtement, ils craignaient Dieu, et ils s’efforçaient d’aider leur prochain. Ils faisaient tout cela parce qu’ils connaissaient l’amour. Leurs vies avaient une explication, ils étaient capables de comprendre tout ce qui se passait dans l’Univers, sans jamais avoir entendu parler de la Tradition du Soleil ou de la Tradition de la Lune.

25 : Depuis le commencement des temps, c’était à travers l’amour que tout le monde cherchait à comprendre l’Univers.

26 : Il existe deux façons, poursuivit le Magicien. La Tradition du Soleil, qui enseigne les secrets à travers l’espace et tout ce qui nous entoure. Et la Tradition de la Lune, qui enseigne les secrets à travers le Temps et tout ce qui est prisonnier dans la mémoire du temps.

27 : _ Quand quelqu’un trouve son chemin, il ne peut pas avoir peur. Il doit avoir assez de courage pour faire des faux pas. Les déceptions, les défaites, le découragement sont des outils que Dieu utilise pour montrer la route.
_ Etranges outils, dit Brida. Ils font souvent renoncer les gens.

« Tu n’as pas besoin de fermer les yeux. Regarde le monde autour de toi, et perçois tout ce que tu peux percevoir. En chaque instant, devant chaque personne, la Tradition du Soleil montre la sagesse éternelle. »

28 : « Cette leçon est la première et la plus importante, déclara-t-il. Elle a été inventée par un mystique espagnol, qui avait compris la signification de la foi. Il s’appelait Jean de la Croix. »

33 : Elle sentit une présence protectrice. « Je dois croire en cette présence. Je ne sais pas l’expliquer, mais elle existe. Et elle va rester ici avec moi toute la nuit, parce que je ne sais pas sortir seule d’ici. »

La foi était exactement ce qu’elle éprouvait maintenant, une plongée sans explication dans une nuit obscure comme celle-là. Elle existait seulement parce que l’on croyait en elle. De même que les miracles n’avaient aucune explication, mais se produisaient pour celui qui croyait aux miracles.

41 : Il était déjà l’heure de fermer. Le libraire constatait que le public de sa boutique commençait à changer. Il était de plus en plus jeune – comme disaient les vieux traités qui remplissaient ses rayons, les choses retournaient finalement vers leur point de départ.

45 : Nous sommes éternels, parce que nous sommes des manifestations de Dieu, reprit Wicca. C’est pourquoi nous passons par de nombreuses vies et de nombreuses morts, partant d’un point que personne ne connaît, et nous dirigeant vers un autre point inconnu également.

46 : Si au commencement il y avait si peu d’êtres humains sur la Terre, et si aujourd’hui ils sont si nombreux, d’où sont venues ces nouvelles âmes ?

Dans certaines réincarnations nous nous divisons.

Nous faisons partie de ce que les alchimistes appellent Anima Mundi, l’Alma Mundi, l’Âme du Monde.

46 – 47 : En vérité, si l’Anima Mundi ne faisait que se diviser, elle croîtrait, mais elle s’affaiblirait aussi de plus en plus. Alors, de même que nous nous divisons, nous nous retrouvons. Et ces retrouvailles se nomment Amour. Car lorsqu’une âme se divise, elle se divise toujours en une partie masculine et une partie féminine.

47 : Dans chaque vie, nous avons la mystérieuse obligation de retrouver, au moins, une de ces Autres Parties. Le Grand Amour qui les a séparées, se réjouit de l’Amour qui les réunit.

Il était possible de reconnaître son Autre Partie à l’étincelle dans ses yeux – c’était ainsi, depuis le commencement des temps, que les gens reconnaissaient leur véritable amour.

48 – 49 : Mais, surtout, nous avons la responsabilité de rejoindre de nouveau, au moins une fois dans chaque incarnation, l’Autre Partie qui assurément viendra croiser notre chemin. Même si ce n’est que pour quelques instants ; car ces instants apportent un Amour si intense qu’il donne une justification au reste de nos jours.

52 : Elle avait appris que ce jeu de cartes était un livre – un livre dans lequel la Sagesse divine a annoté les principaux changements de l’homme au cours de son voyage dans la vie. Mais son auteur, sachant que l’humanité se souvenait plus facilement du vice que de la vertu, a fait en sorte que le livre sacré fût transmis à travers les générations sous forme de jeu. Les cartes étaient une invention des dieux.

Le Prince charmant… la Belle au bois dormant. « Les contes de fées parlent toujours de l’Autre Partie », se disait-elle en riant.

60 : Elle se trouvait sur un chemin où les contacts importants étaient rares et difficiles.

64 – 65 : Pendant des millions d’années, l’homme a toujours parlé avec quelqu’un qu’il pouvait voir. Soudain, en un siècle à peine, le « voir » et le « parler » ont été séparés. Nous pensons que nous sommes habitués à ce phénomène, et nous ne percevons pas l’immense impact qu’il a eu sur nos réflexes. Notre corps n’est tout simplement pas encore habitué.

Ainsi, lorsque nous parlons au téléphone, nous parvenons à un état très proche de certaines transes magiques. Notre esprit entre dans une autre fréquence, devient plus réceptif au monde invisible. Je connais des sorcières qui ont toujours un papier et un crayon près du téléphone ; elles griffonnent des choses apparemment dépourvues de sens pendant qu’elles parlent avec quelqu’un. Quand elles raccrochent, ce qu’elles ont griffonné, ce sont généralement des symboles de la Tradition de la Lune.

65 : C’est le grand problème de celui qui désire étudier la magie, répondit Wicca. Quand nous nous engageons dans le chemin, nous avons toujours une idée plus ou moins définie de ce que nous voulons trouver. Les femmes en général recherchent l’Autre Partie, les hommes le Pouvoir. NI les uns ni les autres ne désirent apprendre : ils veulent arriver au but qu’ils se sont fixé.

71 : Quelques rares créatures qui descendent des anges ont certes besoin de la solitude pour rencontrer Dieu. Mais les autres humains ne peuvent atteindre l’union avec Dieu que si à un certain moment, à un certain instant de leur vie, ils ont réussi à communier avec leur Autre Partie.

72 : Dans la Nuit des Temps, quand nous avons été séparés, une des parties a été chargée de conserver la connaissance : l’homme. Il a alors compris l’agriculture, la nature et les mouvements des astres dans le ciel. La connaissance a toujours été le pouvoir qui a maintenu l’Univers à sa place, et fait que les étoiles continuent de tourner sur leurs orbites. Ce fut la gloire de l’homme : conserver la connaissance. Et cela a permis à la race entière de survivre.
A nous, les femmes, fut confiée une capacité plus subtile, beaucoup plus fragile, mais sans laquelle toute la connaissance n’a aucun sens : la transformation. Les hommes rendaient le sol fertile, nous semions, et ce sol donnait des arbres et des plantes.
Le sol a besoin de la semence, et la semence a besoin du sol. L’un n’a de sens qu’avec l’autre. Il en va de même pour les êtres humains. Quand la connaissance masculine s’unit à la transformation féminine, naît la grande union magique, qui a pour nom Sagesse.

85 : C’est ainsi qu’est maintenue la Tradition, dirent les Voix. Quand les gens sont capables de mourir pour une idée.

90 : Toute femme, dans sa vie, peut se servir des Quatre Anneaux de la Révélation.

91 : Tu sais de quoi nous parlons, dirent-elles. La Vierge, la Sainte, la Martyre, la Sorcière.

C’est le prix que paie la Vierge : n’avoir besoin de personne, se consumer dans son amour pour tous et à travers la Solitude découvrir la sagesse du monde.

La Martyre possède le pouvoir de ceux à qui la douleur et la souffrance ne peuvent causer de mal. Elle se donne, elle souffre, et à travers le Sacrifice découvre la sagesse du monde.

92 : A travers le Don de soi, la Sainte découvre la Sagesse du monde.

[pour la Sorcière] on découvrait la Sagesse du Monde à travers le Plaisir.

94 : Dieu est la parole. Attention ! Attention à ce que tu dis, dans toutes les situations ou les instants de ta vie.

97 : Ne cherche pas à expliquer les émotions. Vis tout intensément, et retiens ce que tu as ressenti comme un don de Dieu.

98 : Nous connaissons des expériences extraordinaires et moins de deux heures plus tard nous tentons de nous convaincre qu’elles sont le produit de notre imagination.

100 : Tu t’es peu divisée dans tes incarnations successives. Tu appartiens à la même sorte de gens que mes amis et moi. Nous sommes les personnes chargées de maintenir la Tradition de la Lune. Tu es une sorcière.

106 : Ce ne sont pas les explications qui nous font avancer ; c’est notre volonté d’aller plus loin.

109 : Même une horloge arrêtée réussit à être à l’heure deux fois par jour.

118 – 119 : La Force du Bien se répand toujours, comme la Lumière. Quand tu émets une vibration du Bien, tu soulages toute l’humanité. Mais quand tu concentres les forces du Messager, tu ne fais du bien – ou du mal – qu’à toi-même.

122 : Un point, dit-il. Un point brillant sur l’épaule gauche de l’Autre Partie. C’est ainsi dans la Tradition de la Lune.

127 : Selon elle, les femmes apprenaient ces matières plus rapidement que les hommes, parce que chaque mois avait lieu dans leur corps le cycle complet de la Nature : naissance, vie et mort. « Le Cycle de la Lune », dit-elle.

128 : Diverses prophéties annonçaient le retour des Ténèbres à la fin du millénaire.

Même si personne n’écoutait, même si presque tous avaient oublié le langage des symboles, les Anciens ne cessaient jamais de parler.
« Ce sont des êtres comme nous ? demanda Brida, un jour.
_ Nous sommes eux.

131 : Les vrais instruments qu’utilisaient les Anciens s’étaient complètement perdus.

132 : Il lui était interdit de retourner dans le passé. Selon Wicca, c’était rarement nécessaire.
« N’utilise pas non plus les cartes pour voir l’avenir. Les cartes ne servent que pour le progrès silencieux, celui qui pénètre sans être perçu. »

Brida commença à découvrir que beaucoup d’herbes possédaient réellement une grande ressemblance avec les organes humains.

133 : Dieu a mis dans la forêt sa pharmacie.

134 – 135 : Elle lui conseilla de relire la Bible (« dans laquelle se trouve toute la vraie sagesse occulte ») et de chercher les Dons dans la première Epitre de saint Paul aux Corinthiens. Brida chercha et découvrit les neuf Dons : le message de sagesse, le message de la connaissance, la foi, la guérison, le pouvoir de faire des miracles, la prophétie, le discernement des esprits, le don de parler en langues, et celui de les interpréter.

136 : Toute quête est un acte de foi.

138 : Wicca lui avait dit que lorsqu’on dansait sur la musique du monde, l’âme s’habituait mieux au corps, et les tensions diminuaient.

140 : saint Patrick chassa les serpents d’Irlande, et les cultes druidiques disparurent.

141 : dans la dixième lune de l’année, nous devons nous rassembler autour du bûcher, qui fut la vie et la mort de nos sœurs persécutées.

155 : Voici la formule : utilise sans cesse tes cinq sens. S’ils arrivent ensemble au moment de l’orgasme, tu seras admise pour l’Initiation.

160 : Elle se rappela qu’il existait de nombreuses manières de travailler la Force. Les moines qui avaient vécu là la travaillaient par l’abstinence, et ils auraient compris ce qu’elle voulait dire.

166 : Le véritable Amour permettait à chacun de suivre son propre chemin, sachant que cela n’éloignait jamais l’autre.

166 – 167 : Dans le sexe, seul l’amour et les cinq sens doivent fonctionner. Ainsi seulement tu connaîtras la communion avec Dieu.

167 : Respire sept fois tranquillement, fais en sorte que tes cinq sens fonctionnent avant le contact physique. Laisse faire le temps.

« Je t’ai montré la vue d’en haut. Nous pouvons redescendre. »

172 : C’était un homme mystérieux, un grand connaisseur de la Tradition de la Lune, qui avait fait partie de sociétés secrètes et laissé dans ses livres le message occulte de ceux qui cherchent le chemin spirituel. Il s’appelait W. B. Yeats.

180 : proverbe allemand : le diable se cache dans les détails.

182 : Joue ton rôle et ne t’inquiète pas pour les autres. Sois certaine que Dieu leur parle aussi, et qu’ils sont intéressés autant que toi par la découverte du sens de cette vie.

186 : Nous nous enfonçons dans la nuit obscure avec foi, nous accomplissons ce que les anciens alchimistes appelaient la Légende Personnelle.

187 : Le poète anglais William Blake avait écrit deux siècles auparavant : « Toute question qui se conçoit a une réponse. »

188 : Quelqu’un savait, même si elle ne saurait jamais. Elle n’avait plus besoin de comprendre la signification de la vie ; il suffisait de rencontrer le Quelqu’un qui savait.

197 : Ils connaissaient tous les deux les Traditions ; il savait qu’il n’était pas son homme, elle savait qu’elle n’était pas sa femme. Ils se donnèrent tout de même l’un à l’autre, laissant à la vie la responsabilité de les séparer le moment venu. Loin de modérer leur abandon, cela eut pour effet de leur faire vivre chaque instant comme si c’était le dernier, et leur amour acquit l’intensité des choses qui deviennent éternelles parce que l’on sait qu’elles vont mourir.

208 : Quand le son du pélican sacré et celui du phénix furent invoqués, le cercle entier s’emplit de lumière.

211 : Ils étaient nus, enlacés. Et ils ne sentaient ni le froid ni la honte.

220 : Je me suis sentie nécessaire, et c’est l’une des meilleures sensations qu’un être humain puisse éprouver.

Léon Tolstoï : « C’est ton village qui te donne le pouvoir universel. »

223 : Lorsqu’on trouve une chose importante dans la vie, cela ne veut pas dire qu’il faille renoncer à toutes les autres.

227 : L’amour était au-dessus de tout, et l’amour n’avait pas de haines, seulement des équivoques. Peut-être, à une certaine époque, les hommes avaient-ils décidé d’être les représentants de Dieu – et ils avaient commis des erreurs.
Mais Dieu n’avait rien à voir avec cela.

228 : Ce jour-là, ils étudiaient l’épisode de la Passion dans lequel Jésus adresse une prière à Dieu, suant du sang, et demandant qu’on éloigne le calice auquel il doit boire.
« Mais s’il savait déjà qu’il était le fils de Dieu, pourquoi a-t-il demandé cela ? avait-elle demandé au prêtre.
_ Parce qu’il ne savait qu’avec le cœur. S’il avait eu une certitude absolue, sa mission n’aurait eu aucun sens, parce qu’il ne se serait pas transformé complètement en homme. Être homme, c’est avoir des doutes, et pourtant poursuivre son chemin. »
 

Lundi 2 janvier 2012 à 21:55

http://pilla.cowblog.fr/images/dune.jpg

Frank Herbert, Dune *

 

Comme il est appréciable de redécouvrir, plusieurs années après, un livre qui a marqué, sinon notre enfance, du moins notre adolescence. Comme il est passionnant de comprendre ce que nous n'avions pas compris alors ! Sauf que...

On ne relit pas un livre, on lit, simplement, un livre. 

Que nos yeux aient déjà balayés ses pages, c'est pourtant à chaque fois un nouveau monde qui s'ouvre, un monde qu'éclaire une intelligence toujours partielle.
On comprend ce que nous n'avions pas compris la première fois et, inversement, il est nécessaire que des choses alors évidentes ne nous apparaissent plus. On découvre. On recouvre... Bien plutôt, on se laisse porter... Arrakis... Dune... planète des sables...

(note à moi-même : "On" est un con ^^)

*

9 : « C’est à l’heure du commencement qu’il faut tout particulièrement veiller à ce que les équilibres soient précis. », extrait du Manuel de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

12 : L’animal détruit sans produire…
 
Tout est non permanent, tout lutte pour le flux de permanence… 

17 : Il se souvint de la Litanie contre la Peur du rituel Bene Gesserit, telles que sa mère les lui avait enseignées.

Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.

18 : Souffrance ! Le monde devint vide. Il n’y eut plus que sa main, seule, noyée dans la souffrance, et ce visage ancien, à quelques centimètres.

19 : Cette douleur ! Un humain est capable de dominer chacun des nerfs de son corps !

20 : Le but devait en être terrible pour justifier une telle souffrance, une telle peur. Et il savait qu’il était terrible, qu’il défiait toute probabilité et n’existait que pour lui-même. Il savait que, d’ores et déjà, il en était prisonnier. Mais il ignorait tout de la nature de ce terrible but.

23 : La drogue est dangereuse, mais elle donne un pouvoir véritable.

30 : Ecoutez mon neveu. Il aspire à régir la baronnie et il ne peut même pas se régir lui-même.

32 : Ecoute attentivement, Feyd, intervint le Baron. Et remarque tous les plans qui sont à l’intérieur des plans.

34 : On fait grand cas du Conditionnement Impérial. On assure qu’on ne peut l’effacer sans tuer le sujet.

41 : Je lis dans l’avenir ce que j’ai lu dans le passé.

43 : Les humains sont presque toujours seuls.

46 : Qui se soumet domine.

47 : Au revoir, jeune humain. J’espère que tu réussiras. Mais, quoi qu’il advienne… nous réussirons quand même.

52 : Grave cela dans ta mémoire, mon garçon : Il y a quatre choses pour supporter un monde. (Elle avait levé quatre doigts noueux). La connaissance du sage, la justice du grand, les prières du pieux et le courage du brave. Mais tout cela n’est rien sans… (Elle avait refermé tous ses doigts en un poing.)… sans celui qui gouverne et connaît l’art de gouverner. Que ceci soit ta science !

54 : Elle m’a demandé de lui dire ce que signifiait : gouverner. Je lui ai répondu que cela signifiait le commandement d’un seul. Elle m’a dit alors qu’il fallait que je désapprenne certaines choses.

Elle m’a dit à ce moment que le mystère de la vie n’était pas un problème à résoudre mais une réalité à vivre. Je lui ai cité alors la Première Loi du Mentat : On ne peut comprendre un processus en l’interrompant. La compréhension doit rejoindre le cheminement du processus et cheminer avec lui. Elle a paru satisfaite alors.

67 : Les Fremens ont un adage : Le vernis vient des cités, la sagesse du désert.

68 : Puis il l’observa tout en songeant : Je sauve ma propre conscience. Je lui offre le secours de la religion avant de le trahir. Ainsi pourrai-je me dire qu’il est allé où moi je ne puis aller.

73 : Ne laisse jamais les craintes d’une femme obscurcir ton esprit. Sache qu’il n’est pas de femme qui accepte de risquer l’existence de ceux qu’elle aime. La main de ta mère était derrière ces avertissements. Considère-les simplement comme une preuve de l’amour qu’elle nous porte.

La vérité, songea le Duc, pourrait bien être pire que tout ce qu’il imagine. Mais les dangers n’acquièrent une valeur que lorsqu’on a appris à les affronter. Et pour ce qui est des dangers, rien n’aura été épargné à mon fils. Pourtant, il faut encore attendre. Il est jeune…

74 : Paul ! (Le Duc fronçait les sourcils.) Le fait de savoir que le piège existe équivaut au premier pas pour lui échapper. C’est comme un combat singulier, mon fils, mais sur une vaste échelle.

76 : « Comment s’assurer la loyauté de tels hommes ? »

« Il existe des moyens qui ont fait leurs preuves : jouer sur une certaine conscience de la supériorité, sur la mystique des serments secrets, sur la souffrance partagée en commun. Tous ces moyens réussissent. Cela a été prouvé bien des fois, sur bien des mondes. »

89 : Qu’a donc dit saint Augustin ? Que lorsque l’esprit commande au corps il est obéi, mais que lorsqu’il commande à lui-même il rencontre de la résistance ? Oui… Depuis quelque temps, je rencontre plus de résistance. Je devrais me retirer tranquillement en moi-même.

90 : Tu parles de légende et tu cherches des réponses. Prends garde à celles que tu pourrais trouver.

Il est des choses pires que la mort, sais-tu. Même pour un peuple tout entier.

92 : Mapes abaissa le couteau. « Ma Dame, lorsque l’on a vécu pendant si longtemps avec la prophétie, l’instant de la révélation crée un choc. »

109 : « A l’intention des autres, nous pouvons dire ici que Muad’Dib apprit aussi rapidement parce que le premier enseignement qu’il eût reçu était de savoir apprendre. Et la leçon première de cet enseignement était la certitude qu’il pouvait apprendre. Il est troublant de découvrir combien de gens pensent qu’ils ne peuvent apprendre et combien plus encore croient que là chose difficile. Muad’Dib savait que chaque expérience porte en elle sa leçon. », extrait de L’humanité de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

115 : « Qu’avait Dame Jessica pour la soutenir à l’instant de son procès ? Réfléchissez sur ce proverbe Bene Gesserit et peut-être verrez-vous : « Chaque route que l’on suit exactement jusqu’au bout ne conduit exactement à rien. Escaladez la montagne pour voir si c’est bien une montagne. Quand vous serez au sommet de la montagne, vous ne pourrez plus voir la montagne. », extrait de Muad’Dib, commentaires de famille, par la Princesse Irulan.

119 : Permettez que cette pièce vous ramène en mémoire une leçon que nous tenons des mêmes maîtres : La proximité d’un objet désiré incline à trop d’indulgence. Là réside le danger.

135 : « L’inscription était une supplique adressée à ceux qui quittaient Arrakis mais, pour l’enfant qui venait d’échapper de peu à la mort, le sens en était plus sombre encore. L’inscription disait : « Ô toi qui sais ce que nous endurons ici, ne nous oublie pas dans tes prières. » », extrait du Manuel de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

142 : Je comprends cette amertume, dit le Duc. Mais ne nous en prenons pas à la justice quand nous avons nos bras et toute liberté de nous en servir.

163 : Les Harkonnens m’ont tourmenté, m’ont pourchassé, m’ont traqué pour la dernière fois. Des êtres de fiente aux âmes mesquines ! Mais je suis là, maintenant ! Et je dois gouverner avec l’œil autant qu’avec mes serres, comme un faucon règne sur des oiseaux plus faibles.

A l’est, un faisceau de lumière grise monta dans la nuit, puis ce fut une opalescence nacrée et les étoiles en furent estompées. Alors vint le long, le lent sillage de l’aube sur l’horizon brisé.
La scène était d’une telle beauté que toute l’attention du Duc fut capturée en cet instant.
Certaines choses, pensa-t-il, mendient notre amour.
Jamais il n’avait imaginé qu’il pût y avoir quelque chose d’aussi beau que cet horizon rouge, tourmenté, ces falaises d’ocre et de pourpre. Par-delà le terrain de débarquement, là où la rosée de la nuit avait apporté la vie aux graines hâtives d’Arrakis, il découvrait maintenant des lagunes de fleurs rouges sur lesquelles se posait une trame de violet… pas de géants invisibles.

165 : « « Il n’est probablement pas de révélation plus terrible que l’instant où vous découvrez que votre père est un homme… fait de chair. » », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

166 : Leto se retourna et regarda son fils. « Les Harkonnens pensent m’abuser en me faisant perdre ma confiance à l’égard de ta mère. Ils ignorent que je perdrais encore plus facilement confiance envers moi-même. »

168 – 169 : « Pour garder Arrakis, reprit le Duc, il faut prendre des décisions qui peuvent vous coûter le respect de vous-même. (Il tendit la main vers les fenêtres, désignant la bannière noire et verte des Atréides qui pendait, inerte, à l’autre extrémité du terrain.) Il se peut qu’un jour cet honorable emblème représente bien des choses mauvaises. »

175 : Impulsivement, Paul cita la Bible Catholique Orange : « Tout cadeau est la bénédiction de celui qui donne. »

187 : Rien recouvre un territoire immense.

197 : Dans le silence qui suivit [le passage du ver], ils entendirent Kynes qui murmurait : « Béni soit le Créateur et Son eau. Bénis soient Sa venue et Son départ. Son passage lave le monde. Qu’Il garde le monde pour Son peuple. »

199 : Sans se retourner, Kynes répondit : « Lorsque Dieu ordonne à une de Ses créatures de mourir en un endroit précis, Il fait en sorte que la volonté de Sa créature la conduise en cet endroit. »

201 : « La grandeur est une expérience passagère. Jamais elle n’est stable. Elle dépend en partie de l’imagination humaine qui crée les mythes. La personne qui connaît la grandeur doit percevoir le mythe qui l’entoure. Elle doit se montrer puissamment ironique. Ainsi, elle se garde de croire en sa propre prétention. En étant ironique, elle peut se mouvoir librement en elle-même. Sans cette qualité, même une grandeur occasionnelle peut détruire un homme. », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

207 : Kynes avait dit : « … le court chemin. » Dans la langue ancienne, cela se traduisait par « Kwisatz Haderach ».

211 – 212 : « Comptez-vous, soldats – soldats depuis longtemps comptés ! déclama le Duc. Votre fardeau est fait de dollars et de souffrance. Nos colliers d’argent brillent sur vos âmes. Comptez-vous, soldats – soldats depuis longtemps comptés. A chacun son dû de temps, sans illusion. Et passe le mirage de la fortune, avec nous, lorsque s’achève notre temps sur un dernier rictus. Comptez-vous soldats – soldats depuis longtemps comptés. »

225 : « Oh oui. Oui. Bien sûr, dit-elle. Il y a trop de violence. Cela me rend malade. Et la plupart du temps il n’y a aucune offense. Pourtant, des gens meurent. Cela n’a pas de sens. »

229 : « « Il n’y a pas d’issue – nous payons la violence de nos ancêtres. » », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

239 : Parlons de vous, maintenant, Thufir, dit-elle. Les humains vivent mieux lorsque chacun d’eux est à sa place, lorsque chacun d’eux sait où il se situe dans le schéma des choses. Détruisez cette place, vous détruisez la personne. Vous et moi, Thufir, de tous ceux qui aiment le Duc, nous sommes les plus susceptibles de nous détruire mutuellement.

240 : Vous pouvez appliquer votre logique à tout ce qui est hors de vous, poursuivit-elle, mais c’est une caractéristique humaine que, lorsque nous affrontons des problèmes personnels, ce sont justement ces choses profondément intimes qui résistent le plus à l’examen de la logique. Nous avons alors tendance à nous empêtrer, à nous en prendre à tout sauf à la chose bien réelle et profondément enracinée qui est notre véritable but.

Ils deviennent comme les hommes des légendes d’avant la Guilde. Comme les hommes du chercheur d’étoiles disparu, Ampoliros. Ils sont malades à force de serrer leurs armes, à force de chercher, toujours. Toujours préparés et jamais prêts.

247 : « Lutter avec des rêves / Ou contenir des ombres ? / Et marcher dans l’ombre d’un sommeil ? / Le temps s’est écoulé / Et la vie fut volée / Tu remues des vétilles. / Victime de ta folie », chant pour Janis sur la Plaine Funèbre, extrait des Chants de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

251 : Yueh mit un genou en terre. « J’ai conclu un Pacte de Shaitan avec le Baron. »

253 : « Il devrait exister une science de la contrariété. Les gens ont besoin d’épreuves difficiles et d’oppression pour développer leurs muscles psychiques. », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

267 : « Arrakis enseigne l’attitude du couteau : couper ce qui est incomplet et dire : « Maintenant c’est complet, car cela s’achève ici. », extrait de Les dits de Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

270 : Même en tirant profit de moi, ils me méprisent.

272 – 273 : Le Baron reporta son attention sur le capitaine des gardes, Umman Kudu. Des mâchoires nettes, les muscles faciaux tendus, le menton comme la pointe d’une botte. Un homme dont les vices étaient bien connus et en qui l’on pouvait avoir confiance.

281 – 282 : Une pensée demeurait en lui. Leto la vit s’inscrire sur des raies de noirceur, lumière informe : Le jour modèle la chair, et la chair modèle le jour. La pensée le frappa avec une intensité que jamais, il le savait, il ne pourrait expliquer. Silence.

296 : Pourquoi ne puis-je pleurer ? songeait-il. Chaque fibre de son être s’y efforçait mais il savait que cela lui serait à jamais refusé.

Une constellation du ciel arrakeen : « Muad’Dib : la Souris. » Elle remarqua que la queue était dirigée vers le nord.

297 : Pourquoi ? Pourquoi ? Cette incapacité de trouver du chagrin lui semblait une tare redoutable.

297 – 298 : « Un temps pour avoir, un temps pour perdre », pensa Jessica. Une phrase de la Bible Catholique Orange. « Un temps pour garder, un temps pour rejeter ; un temps pour aimer, un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, un temps pour la paix. »

301 : « Vous et l’épice, reprit-il. L’épice transforme quiconque en absorbe autant mais, grâce à vous, cette transformation a touché ma conscience. Je peux la voir. Elle n’est pas reléguée dans mon subconscient, là où je pourrais l’ignorer. »
« Paul, tu… »
« Je la vois ! »

305 : Les Fremens ont une maxime qu’ils attribuent à Shai-hulud, le Vieux Père Eternité, et qui dit : « Sois prêt à apprécier ce que tu rencontres. »

306 : Oui… Ils m’appelleront… Muad’Dib, « Celui Qui Monter Le Chemin ». Oui… ils m’appelleront ainsi.

314 : Ce monde m’a vidée de tout hormis du plus ancien des buts : la vie de demain.

317 : « Mon père me dit une fois que le respect de la vérité est presque le fondement de toute morale. « Rien ne saurait sortir de rien », disait-il. Et cela apparaît certes comme une pensée profonde si l’on conçoit à quel point « la vérité » peut être instable. », extrait de Conversations avec Muad’Dib, par la Princesse Irulan.

321 : « Est-ce possible ? »
« C’est un long chemin. »
« Les Fremen n’aiment pas dire non », lui avait appris Idaho.

327 : Ceci est le gage de l’eau. Nous connaissons le rite. La chair d’un homme lui appartient. Son eau revient à la tribu.

329 : On ne doit jamais penser que l’on est le seul gibier d’une chasse.

333 : « Il nous dit : « La vision du temps est vaste mais lorsque vous le traversez, le temps devient une porte étroite. » », extrait de L’éveil d’Arrakis, par la Princesse Irulan.

346 : « Si vous vous fiez à votre seul regard, vos autres sens s’effacent. » C’était un axiome fremen.

 

 

<< Page précédente | 1 | Page suivante >>

Créer un podcast